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Une femme

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Voici un petit texte écrit alors que mon trajet quotidien me faisait croiser cette femme énigmatique...

 

 

Une femme

Un jardin ; une chaise ; un grillage ; la rue : chaque soir, je traverse ce décor de théâtre.

Une femme est assise sur la chaise. Quelquefois. Actrice ou spectatrice ?

Décor dépouillé de banlieue monotone. Petits pavillons alignés en jeu de quilles.

Ma voiture ralentit pour franchir un dos d’âne. J’essaie d’accrocher le regard de cette femme.

Cheveux lisses, pantalon gris, pull jaune pâle, regard vide. Elle regarde fixement devant, tout droit.

A quoi bon ? Je ne fais que traverser sa scène, entre le grillage et l’infini. Le menton appuyé sur ses mains ouvertes, les coudes sur les genoux, la pointe de ses pieds calée contre les pieds de la chaise, elle fixe son univers intérieur. Rien ni personne ne peut l’en détourner. Ni le soleil tiède de la fin de la journée, ni les voitures, ni les oiseaux piaillant dans les buissons du jardin.

Elle voyage dans son imaginaire ; elle est à mille lieues, loin des soucis, loin du bruit, loin des passions qui nous déchirent.

Elle a sa propre horloge, son calendrier, son métronome.

Pourtant chaque soir, je tente. J’aimerais surprendre une lueur dans ses yeux insondables.

La scène est trop étroite. Derrière son grillage vert, elle aspire à un espace infini. Ses yeux ont aspiré l’éternité, et leur lumière y a été engloutie comme dans un trou noir.

Sa silhouette énigmatique me poursuit dans le soir.

Commentaires

  • il y a des abîmes intérieurs tellement profond qu'on peut se perdre juste à les contempler...

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