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Le nucléaire, et après...

Une belle critique de l'ouvrage par "Les Vagabonds du rêve"...qui devrait convaincre les timides de le lire !

« Le Nucléaire et après… »

arkuirisSous une illustration de couverture due à Caza, quatorze nouvelles réunies par Yann Quero. Pour évoquer Le Nucléaire et après… car si nous ne sommes pas tout à fait après, comme le rappelle fort bien Jean-Jacques Delfour qui préface cette anthologie : « Comme les utopies classiques, les récits de science-fiction, sous couvert d’autres mondes, nous parlent bien du nôtre. »
Les Enfants ont toujours raison, assure Jean-Pierre Andrevon. C’est pourquoi le petit Cédric, en s’apercevant des capacités dont il dispose pour améliorer le monde, son monde, va en user au maximum. Jusqu’au moment où il pourra juger qu’avoir toujours raison n’était peut-être pas si pertinent qu’il le pensait.
Avec Paramundi, de Daniel Birnbaum, ce sont des naissances de bébés dotés de cerveaux d’adultes qui succéderont à une catastrophe nucléaire. Un joli cas d’école pour la médecine et la science, mais sans doute eut-il mieux valu que la religion s’abstienne d’y mettre son grain de sel.
Schwarzer Peter, de Jeff Gautier, est une bien jolie illustration des mesures prises pour se débarrasser des déchets nucléaires. J’en ai tout à fait apprécié l’humour.
S’il s’agit de l’explosion d’un réacteur nucléaire de type Three Mile Island à Hongyanhe, on peut vraiment se dire que Quand la Chine s’illuminera, de Yann Quero, les Conseils des ministres ne manqueront pas de se réunir en urgence, d’autant que les visio-conférences faciliteront les choses. Pour autant, se dérouleront-ils de façon vraiment différente ? Et la voix de la raison y sera-t-elle écoutée ? Une permanence politique qui devrait, au fond, être rassurante mais qui ne l’est assurément pas. Pas du tout.
Fabien Clavel, quant à lui, nous entrouvre ici Les Portes qui ne donnent sur rien, du moins sur rien de ce que pouvaient prévoir les militants d’EcoFront ni Lana, la journaliste qu’ils ont embarquée avec eux. Il leur fallait donner un maximum de publicité à l’effraction de l’immense synchotron, installé sous l’égide de McNess & Visanto, qui pourrait bien s’avérer une nouvelle étape dans le traitement des déchets nucléaires, et en plein centre de la France. Un texte intéressant mais dont la chronologie déstructurée perturbe un peu la lecture.
Le Dôme de Saint-Macaire, de Jean-Louis Trudel, n’est pas seulement celui de la cathédrale de l’île de Québec, mais aussi celui du gigantesque réacteur nucléaire enfoui sous son autel. De même que Darrick, ce ferrifère qui revient de France sur les lieux de son enfance, n’est pas seulement l’un des nombreux fils semés ça et là par le gouverneur Granger de Limoilou. Mais vengeance et bonnes intentions n’aboutissent pas toujours comme on l’aurait voulu.
Un Passeport pour la Mer Rouge, c’est ce pourquoi se bat Franck, parce qu’il n’en peut plus de voir Leïla, sa petite fille, malade de la pollution dans laquelle ils vivent à Roubaix. Une pollution telle qu’à vrai dire tous sont malades mais peut-être y a-t-il une chance de guérir, ailleurs. Peut-être. Un beau texte de Sophie Fedy, même s’il n’est assurément pas optimiste.
Oppapi ! de Ludovic Klein, ou comment un spectacle pour les enfants restés à Fukushima prend, sous couvert de distraction, des allures d’exutoire pour la génération qui en est responsable mais également victime. Beaucoup de violence et une lecture très dispensable à mes yeux.
Lucie Pierrat-Pajot nous parle des peuples des Républiques Unies de Nouvelle-Espérance. Ils ont réappris à survivre dans une simplicité qui n’est pas exempte de dangers, barbares, tornades… mais de dangers à l’échelle humaine. Ils ne réitéreront pas les erreurs du passé. Au point que les esprits trop curieux y sont malvenus. Ainsi Pièr, qui cherche à retrouver Le Tombeau du feu immortel où pouvoir puiser à la puissance du passé, sera-t-il rejeté par sa communauté pour tomber à la merci de bandits. Une fine analyse de la nature humaine dans la grande tradition de la science-fiction et, sans doute, la meilleure nouvelle de cette anthologie.
La jeunesse présentée par Sylvain Lamur dans Zuhud vs. la nucléa a fait son choix. Quitte à vivre – mais peut-on parler de vivre ? – dans un monde déjà perdu, autant se soûler de radiations et de musique et en mourir que de rester calfeutrés comme les parents. Le nihilisme de demain, en somme, revu et corrigé à la sauce nucléaire.
Un Avenir Radieux, pour ne pas dire irradié, attend notre espèce d’ici vingt-six générations. Selon Jocelyn Peyret, elle sera passablement différente de ce qu’elle est actuellement. Elle se nourrira même de ce nucléaire qui aura éradiqué ses ancêtres, avec son aide d’ailleurs, puisqu’elle aura conservé cette caractéristique essentielle qu’est l’humour, mais aussi le manque de mémoire.
Qui sont Mister Croc et les 17 Chevaliers de l’Apocalypse ? Sur un fonds de trafic de « terres rares », un joli nom pour les déchets radio-actifs, Stéphane Dovert nous découvre un complot d’une portée beaucoup plus vaste où sont impliqués plusieurs États ainsi que la NSA. Quant à Pascal Croquenot, M. Croc, malgré son hostilité envers les écologistes, peut-être eut-il été souhaitable pour sa santé qu’il s’abstienne d’y participer.
Emmanuel Delporte a choisi de suivre pas à pas le chemin du commandant Clemens dont la navette, Gliese 3, a été légèrement endommagée lors de son atterrissage sur la planèteXT-31. Pas de quoi l’empêcher de participer à la mission de recherches dont l’a chargé la Fédération après la découverte des traces d’une civilisation inconnue. Ces curieuses structures découvertes seraient-elles des Nécropoles des étoiles ? Il en apprendra plus une fois le système de communications réparé. Peut-être même trop pour sa tranquillité d’esprit.
Dans bien des siècles, Eugène, un de ces individus préservés pour l’avenir à une époque d’attentats nucléaires, rencontrera nos très lointains descendants. C’est ce que nous raconte Mutagène sous la très jolie plume de Virginie Buisson-Delandre.
Un bel ensemble de textes, sinon optimistes – car la science-fiction a toujours su pointer le doigt sur de redoutables possibles que la science s’est appliquée à rendre probables – mais plaisants, assurément, en ce qui concerne la fiction.

Éditions Arkuiris
285 pages – 18€
ISBN : 978-2-919090-07-05

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